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Au pays des roseaux chantants

par Nadine de Trans en Provence 16 Janvier 2011, 23:00 Meubles - Objets

 

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D’Ollioules à Fréjus, en passant par Hyères, La Londe, Bormes, et Cogolin, le Var recèle un trésor caché, don de la terre et du vent. Les roseaux varois sont, paraît-il, ceux qui possèdent la plus belle musicalité. Coupés, poncés, calibrés, ils vont donner, des anches pour faire sonner hautbois et résonner musettes, clarinettes et saxophones. Les instrumentistes du monde entier ne jurent que par ces fines lamelles. On dit que c’est le mistral qui, en jouant été comme hiver dans les roselières, procure aux roseaux varois une élasticité et une souplesse inégalables. L’origine du roseau remonte à l’Antiquité dans le bassin méditerranéen, mais on donne aussi son nom à diverses plantes comme les Typhas ou Massettes (roseaux des étangs ou roseaux de la passion), les Rotangs (roseaux épineux), les Acores (roseaux odorants), les Calamagrotis (roseaux des sables), les Sparganiers (roseaux rayés)… Cependant, le nom de roseau s’applique plus spécialement au genre Arundo (roseau de canne de Provence) ou Phragmite (roseau à balai). Le roseau, canne de Provence est en fait le vrai bambou d’Europe.

Le mot roseau date du XIe siècle. C’est le diminutif du vieux français "ros" qui signifie roseau ou chaume. A l’époque, on l’utilisait comme petit instrument de musique, mais aussi pour recouvrir les toits des fermes ou des abris. De la famille des graminées, ses tiges souterraines appelées rhizomes, rampantes et parfois très développées peuvent atteindre jusqu’à 10 m de long. Le roseau canne (Arundo donax) d’où sont produites les anches, grand  roseau ou encore canne de Provence, a normalement une taille variant entre 3 et 5 mètres de haut. Il est l’une des espèces les plus répandues avec le roseau à balai dont la tige est beaucoup plus fine et qui pousse dans les marais en Camargue. Le roseau canne de Provence a quant à lui une tige d la grosseur d’un pouce. Il aime les sols humides ou frais, mais il se développe aussi dans les terrains relativement secs, ne supportant pas sans souffrir un séjour prolongé dans l’eau. Il exige un climat doux et ne résisterai pas aux hivers froids du Nord puisqu’il gèle sur pied à moins 6°. Ce bambou d’Europe avait encore il y a une quarantaine d’années des emplois très variés (clôtures, piquets, tuteurs) et servait même parfois de canne à pêche ou de baguettes d’artificiers. On a également fait des caisses d’emballage, des paniers, des chalumeaux et du.... papier. Ses jeunes pousses étaient stockées et servaient de nourriture pour le bétail.

 

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Aujourd’hui, certains agriculteurs s’en servent encore de coupe-vent, mais son entretien dans le cadre du renouvellement des plantations, se poursuit surtout pour la fabrication des anches musicales (saxophones, clarinettes et hautbois). Jusqu’alors on utilisait le roseau sauvage, actuellement on plante du roseau pour l’exploitation à parti des marcottes (boutures de rhizomes) espacées d’environ 80 cm, afin de donner une roselière dense, peuplée et facilement exploitable lors de la récolte qui se fait de décembre à mars. Ramassés en période de repos végétatif, les roseaux sont stockés jusqu’en été. Ils vont sécher debout afin  d‘empêcher la pourriture et se seront travaillés qu’après. De par ses vertus, le roseau de Provence est exporté aux Etats-Unis, grands consommateurs d’anches, où l’on tente l’adaptation de rhizomes varois en californie. Par ailleurs, le roseau constitue une matière première avantageuse pour sa puissance énergétique. Un hectare de cannes équivaut à sept tonnes et demi de pétrole. L’horticulture varoise grande consommatrice de chaleur pour ses serres, pourrait trouver là une source d’énergie peu coûteuse et facilement renouvelable.

 

Source : Magazine Vivre en Provence N°6 Avril 1994. 

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