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L’hôpital médiéval de Garron

par Nadine de Trans en Provence 1 Juillet 2012, 22:00 Architecture - Patrimoine

  

Garron1

 

Le bâtiment a été transformé en auberge il y a quelques années :

le relais de Garron (Photo Nadine)

 

Il existe à 19 km de Draguignan, le long de la route départementale 562 en direction de Grasse, un pont et une importante bastide dénommés "Garron". Ce lieu-dit a un caractère historique puisque le toponyme "Pont de Garron" est déjà mentionné dans les textes dès le XIe siècle (1). Cet auxiliaire routier, le pont qui enjambe le Riou de Claviers, a été maintes fois démoli, reconstruit et réparé car sa situation sur le grand axe transversal Aix-Brignoles-Draguigna-Grasse-Nice en faisait au Moyen-Age, un passage obligé.

Par contre, la bastide édifiée à proximité du pont a un passé qui mérite notre attention. Ce bâtiment, même dans sa modernité actuelle, évoque le souvenir d’un hôpital de route, d’un logis, d’une auberge. Cette vocation de lieu d’accueil s’est succédé, semble-t-il, depuis des temps immémoriaux.

Sans entreprendre une étude architecturale, la bâtisse laisse apparaître encore de nos jours de vastes salles voûtées et des murs imposants (2). Le site lui-même, possède les composantes classiques d’une "hospitalité" rurale : la proximité d’un pont sur une route de grand charroi ; la présence d’un cours d’eau commode pour les besoins du lavage et pour l’évacuation des ordures (3) ; l’isolement du lieu à mi-chemin entre deux villes importantes, Draguignan et Grasse ; sa position en limite de deux seigneuries médiévales, Séaï et Saint-Julien-d’Oule. La recherche d’archives nous renseigne sur l’existence d’un tel établissement, ou plutôt sur sa destruction (4). Nous avons peu d’éléments, en vérité, pour étayer cette réalité hospitalière. Malgré tout, au regard des divers actes connus, nous allons tenter de mieux l’expliquer.

  Garron2

 

 Actuellement, il semble que l'auberge ne fonctionne plus ?

Si un de mes lecteurs peut me le préciser, merci d'avance (Photo Nadine)

 

 La première mention de la Bastide est de 1314. Celle-ci appartient à Pierre de garron et à ses frères, roturiers demeurant à Seillans. Ils passent une reconnaissance à Gérine, femme de Jacques de Seillans, seigneur dudit lieu et coseigneur de Saint-Julien.

Peu après, en 1341, un marchand dracénois, Jean de Saint-Trophème, créancier de Pierre de Garron, se fait "colloquer" sur la bastide de Garron, avec prise d’investiture des seigneurs de saint6julien et paiement du droit de lods.

Ce bien est laïque et jusque là nous ne trouvons aucune mention de l’hôpital. Le compte des décimes du diocèse de Fréjus, en 1351, ne fait pas état de Garron dans la liste des hôpitaux. Le seul acte de référence est une supplique adressée par Antoine de Villeneuve au pape Eugène IV, en 1437. Ce document nous signale que "l’hôpital de Pont de Garron n’a pas pu exercer l’hospitalité depuis plus de soixante ans et ne peut le faire à présent, étant totalement détruit du faire des guerres et des pestes et qu’il est privé de ses biens, aux plus grands préjudices et dommage des pèlerins…"

Le texte est précis, l’hôpital n’existait donc plus vers 1377. En théorie, notre hôpital eut donc une durée éphémère d’une vingtaine d’années peut-être.

La tentative de restauration de cette œuvre charitable fut vouée à l’échec malgré l’autorisation papale accordée le 18 février 1440 à Florence.

Nous avons là un cas d’investigation exemplaire puisque l’examen attentif d’archives anciennes, même copiées tardivement, nous restitue une "archéologie des sites".

 

Source : Publication de la revue provençale "Lou Terraire" Texte de Régis Fabre directeur du Musée municipal de Draguignan, historien et archéologue à ses heures.

Notes :

 

(1) Cartulaire de Saint-Victor de Marseille, charte n° 536

(2) Le bâtiment a subi d’importants travaux de réfection en 1975. L’architecture médiévale en a été fortement remaniée.

(3) Histoire de hôpitaux de France, Jean Imbert, Toulouse 1982

(4) La désolation des églises, monastères et hôpitaux en France pendant la guerre de Cent ans. H. Denifle, 1897.

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