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La sirène de Salernes (2)

par Nadine 29 Février 2008, 23:00 Contes - Légendes

 

 


Si Arnulphe voulait vraiment l'épouser, il fallait qu'il lui fasse construire un vaste bassin couvert et hermétique à l'intérieur du château comtal, où elle pourrait se retirer seule, toute seule, une fois par semaine, disons, le lundi. 
Il fallait égalemement qu'il lui jure de ne jamais pénétrer dans le bassin, ni même oser y jeter un regard. Et Arnulphe jura. Le bassin fut construit en utilisant, détail important, la bouche ouverte d'un aven. Le mariage, fut célébré en grande pompe, et ce fut dès lors une lune de miel perpétuelle... sauf le lundi, jour de la lune et de la métamorphose.
Mais comment se priver de sa belle, ne serait-ce qu'un jour, quand on est amoureux fou ? Arnulphe n'en pouvait plus. Rompant son serment, il pénétra dans le bassin interdit et resta médusé en découvrant, s'ébattant dans l'eau claire, sa légitime épouse muée en monstre, certes grâcieux, mais monstre néanmoins. Tout s'écroula d'un coup. Et ce n'est pas façon de parler : le bassin s'effrondra, précipitant la malheureuse Ermentrude au fond de l'aven avec l'eau du bain. Désespéré, le jeune comte plongea dans le gouffre et disparut à son tour, emporté par la rivière souterraine.
A cette fin tragique, la légende a donné une suite. Des siècles durant, le fantôme volant d'une sirène gémissante hanta le château abandonné de Sallis-Terre sans descendance. Elle serrait dans ses bras le fantôme de son comte. A la longue, le château en ruines s'écroula et disparut lui aussi dans l'aven, toutes traces effacées par le temps. Si bien qu'on n'a jamais pu en retrouver le moindre fragment en fouillant les environs de Salernes. 
"Cherchez et vous trouverez" est-il dit dans les textes sacrés. Place, donc aux chercheurs ! Il serait certes intéressant de retrouver d'abord un petit reste du château ou pour le moins la bouche de l'aven. Mais une éventualité n'est pas à exclure : les décombres de l'imposante bâtisse peuvent bien avoir comblé ou obturé l'aven. Ainsi se seraient-ils effacés l'un par l'autre, disparaissant ensemble, comme Ermentrude et Arnulphe...

Source : D'après Histoire et petites histoires du Var - Jean Rambaud - Editions Campanile - 1996.

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