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La croix de Camargue

par Nadine 3 Juillet 2008, 22:00 Architecture - Patrimoine

 


Dans l'ouest de la Provence, c'est surtout la croix de Camargue qui orne les murs. Sa forme évoque les trois éléments, l'eau, la terre et le ciel, qui constituent cette région, et symbolisent les trois vertus théologales* que sont la foi, l'espérance et la charité.
Le bas de le croix, l'eau, a l'aspect d'une barque, celle des saintes Maries venues évangéliser la Provence au 1er siècle. Elle symbolise l'espérance. Au centre, la terre ; pourtant réputée inhospitalière, est figurée par un coeur, symbole de la charité, signe aussi de l'amour que l'homme lui porte.
Le haut de la croix, le ciel, est formé de trois tridents, outil indispensable à l'élevage des taureaux. Elle représente la foi. On retrouve cette croix cloutée sur les selles des chevaux, en tour de cou, attachée à une lanière de cuir ou en broche au revers d'une veste. En 1904, le marquis Folco de Baroncelli (1869-1943), félibre** et manadier avignonnais, descendant d'un vieille famille florentine installée en Provence depuis le XVe siècle, crée la Nacioun Gardiano, association s'engageant à maintenir l'élevage taurin, les traditions camarguaises et le costume traditionnel.
En 1924, à sa demande, l'illustrateur suisse Paul Hermann qui s'était installé en Camargue, conçut et dessina la croix camarguaise. La croix originelle réalisée
par Joseph Barbanson, forgeron aux Saintes-Maries-de-la-Mer, fut fabriquée dans son atelier de la Place de la Révolution, actuellement place du Grenier à Sel. Cette croix fut inaugurée le 7 juillet 1926 et installée sur un terre-plein. Lors de cette fête, de nombreuses personnalités ainsi que des amis du baron, furent présentes. On pouvait y voir le poète Joseph d'Arbaud, Delly, Maguy Hugo la petite-fille du grand poète Victor Hugo, Madame de la Garanderie, des membres de la famille des éditeurs Aubanel, le peintre Paul Hermann, ainsi que bien d'autres personnalités locales. En 1930, Gédéon Blatière ferronnier au Cailar dans le Gard forgea une autre croix pour remplacer la croix disparue du Pont du Mort (en fait cette croix avait été dérobée), proche du mas du Simbeù, propriété de Folco de Baroncelli. Une réplique orne sa tombe aux Saintes-Maries-de-la-Mer, une autre, est conservée à Arles, dans les collections du Museon Arlaten***. Comme la veste de velours noir, le pantalon en tissu "peau de taupe" avec liseré noir, la chemise imprimée de couleur vive et le chapeau de feutre noir, la croix est devenue un signe de reconnaissance des habitants d’un pays camarguais réinventé par Folco de Baroncelli.


Notes de Nadine

* Théologal : Qualifie les vertus qui ont principalement Dieu pour objet. 
La foi, l’espérance et la charité sont les trois vertus
théologales

** Le félibre : La réponse donnée par le dictionnaire va nous éclairer tout de suite : le Félibrige est une association de félibres..., mais alors qu'est ce qu'un félibre ? Passons sur quelques définitions "savantes" et considérons que tout homme qui contribue par ses oeuvres ou succès, à la promotion, au renom, de la langue provençale est un félibre ; en effet le Félibre a reçu en son sein non seulement des poètes, des journalistes, des prosateurs, mais aussi des peintres, des sculpteurs, des musiciens, ou même des artisans ou des agriculteurs. Je cite deux félibres célèbres : Frédéric Mistral et Joseph Roumanille entr'autres (je vous parlerai des félibres, du Félibrige et de Frédéric Mistral dans un article à venir).

*** Le Musée Arlaten : J'ai eu la chance de visiter ce musée il y a quelques années. Il est considéré comme l'un des premiers musées d'ethnographie de France, il est un lieu de mémoire de la société provençale. Les collections muséographiques sont estimées à près de 30 000 objets, sans compter les fonds d'archives et de bibliothèques. Elle sont issues de collectes initiées depuis la fin du XIXe siècle par le grand poète Frédéric Mistral et sans cesse enrichies, et se caractérisent par une grande diversité.
Cette diversité correspond à la problématique du musée qui est de rendre compte d'un mode de vie dans tous ses aspects dans une région donnée, la Provence. Aux objets purement ethnographiques, costume, mobilier, musique, agriculture, artisanat…, s'ajoutent des collections relevant des beaux-arts (peinture, sculpture, art graphique, photographie) et des sciences (archéologie, histoire naturelle, numismatique, etc.), destinées à les documenter. Des modèles réduits et des copies viennent appuyer la dimension didactique du musée. Un tiers des objets est actuellement exposé dans les salles, les deux tiers restant sont conservés dans des réserves. L'enrichissement actuel des collections, fait d'achats raisonnés, de dons privés et de legs, représente un taux d'accroissement annuel de 0,25 % (25 % en plus tous les dix ans !).

 



 

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