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L’origine du nom de la Provence

par Nadine de Trans en Provence 1 Août 2010, 22:00 Histoire - Petites histoires de la Provence

  Medaille-Fondation-de-Marseille

 

 Médaille commémorative de la Fondation de Marseille. Gyptis offre la coupe à Protis, l'élu de son coeur.

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  On sait que l’histoire de la Provence commence avec le récit de la fondation de Marseille par les Grecs de Phocée aux environs de l’an 600 avant J.C. (lire mon article sur l'histoire de Gyptis et Protis ICI).

 A cette époque lointaine, la région qui s’appellera plus tard la Provence n’a pas encore de nom. Les populations qui l’habitent sont des Ligures et c’est ainsi que les Grecs les désignent. A différentes reprises, des Celtes, venus probablement par la Vallée du Rhône ou par le Languedoc, s’infiltrent en pays ligure ; ils sont une minorité, mais il est probable qu’à l’origine tout au moins, ils constituent une sorte d’aristocratie militaire qui domine les autochtones. Par la suite, une fusion s’opèrera entre eux constituant la civilisation Celto-Ligure qui va subsister jusqu'à l'invasion romaine. Les Salyens (ou Salluviens) sont installés en Basse Provence, les Cavares dans le Comtat-Venaissin, les Voconces dans la Drôme, les Oxybiens dans le Var et les Déciates dans les Alpes-Maritimes. Ils sont entourés au Nord et à l'Ouest par des tribus Celtes : les Allobroges en Dauphiné et les Arvernes dans le Massif Central.

 

Marseille-monnaie.jpg

 

Illustration prise sur le site Celtes et Monnaies

 

Les Grecs de Massalia (Marseille) fondent de nombreux comptoirs le long de la côte méditerranéenne ; c'est ainsi qu'apparaissent Nikieia (Nice), Antiopolis (Antibes), Olbia (Hyères), Agathé (Agde)... Le commerce s'étend très loin : en Egypte, vers la Bretagne et la Baltique. Massalia se constitue un véritable Empire et son influence s'étend sur toute la côte, y compris vers l'Espagne actuelle. Elle se trouve bientôt confrontée aux Etrusques et aux Carthaginois. Elle s'allie alors avec la République de Rome et après une lutte à rebondissements les deux alliés sortent victorieux du conflit.
Devant la recrudescence d'incursions des tribus Celtes (Salyens), Massalia demande à Rome d'intervenir en Gaule. Rome y est d'autant plus intéressée qu'elle vient de conquérir l'Espagne. Le consul Sextius Calvinus s'empare et détruit Entremont, la capitale des Salyens, il édifie en remplacement une nouvelle ville qui prend le nom d'Aquae Sextiae (Aix-en-Provence).
Massalia a donc une alliance étroite avec Rome, mais en 49 avant J.C., elle choisit le parti de Pompée dans le conflit qui oppose celui-ci à César. L'armée de César fait le siège de la ville et s'en empare. Elle est durement sanctionnée, une bonne partie de ses domaines sont attribuées à une ville qui a aidé César : Arelate (Arles). C'en est fini de la grandeur de Massalia. Elle devient désormais une cité fédérée qui reconnait la suprématie de Rome. Elle a un Conseil des 600 et une oligarchie des anciens. Marseille devint une ville intellectuelle, vectrice de la diffusion de la civilisation de la culture grecque dans le monde romain.

Narbonnaise

Dès lors, ainsi qu’ils le faisaient dans les pays conquis hors d’Italie, les Romains créérent une "province" (provincia) qui englobait une vaste région allant du lac de Genève aux Pyrénées et couvrant tout ce qui constitue actuellement le Dauphiné, la Provence et le Languedoc. Par la suite, la ville de Narbonne fut choisie comme chef-lieu de cette grande circonscription qu’on appela pour cette raison la "Province narbounaise" (Provincia narbonensis).
Mais souvent on disait : la "Province" tout court et il faut voir là l’origine très lointaine de notre pays de Provence, en notant toutefois que le terme s’appliquait alors à une contrée beaucoup plus vaste.
Dans la suite des temps, les circonstances conduisent à un morcellement de cette vaste province : il devient nécessaire que les gouverneurs de provinces aient mieux en main des circonstances plus réduites. La Provincia d’origine fut divisée en plusieurs provinces parmi lesquelles la Narbonnaise Première (Languedoc), la Viennoise (comprenant la vallée du Rhône) la Narbonnaise Seconde (Provence centrale de Gap à Fréjus) et les Alpes-Maritimes.
Tel était le découpage administratif à la fin de l’Empire romain (Vème siècle). C’est à cette époque qu’on voit apparaître le terme de "Provincia" pour désigner ce qui sera la Provence par la suite. 

Les premiers documents dans lesquels le terme apparaît, semble-t-il, avec cette signification, sont des lettres adressées par les Papes aux Evêques des Gaules.

En 419, le pape Boniface précise que le jugement de l’Evêque de Valence, accusé de diverses fautes, doit avoir lieu "intra Provinciae". Dans les deux cas, le contexte paraît indiquer qu’il s’agit de la Provence.

La localisation du terme a été probablement facilitée par le fait que la Provence demeurait la seule et la dernière possession de Rome au-delà des Alpes.

Dès lors, lorsque, dans les rares écrits qu’a laissée cette époque troublée, on parlera de la Provincia. Il s’agira de la Provence : c’est ainsi que Grégoire de Tours, écrivant vers 591, cite la Provence Arlésienne (Provincia Arelatensis) et la Provence Marseillaise (Provincia Massiliensis).

Plus tard, en 855, notre pays acquerra pour la première fois sa personnalité politique lorsque, dans le démembrement de l’empire de Charlemagne, l’empereur Lothaire donnera à son fils Charles, le royame de Provence (Regnum Provincie).

 

Source : Lou Terraire – Revue éditée par le Centre culturel provençal de Draguignan. 

 

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